Avez-vous déjà entendu parler du syndrome de l’imposteur ? Il s’agit d’un mécanisme psychique par lequel une personne va douter en permanence d’elle-même, et/ou penser que sa réussite est due à des facteurs externes, tels que la chance ou le hasard. Le syndrome de l’imposteur peut être un véritable frein dans la vie professionnelle, mais aussi (et c’est plus inattendu)… dans la façon dont on gère ses finances.
On vous explique comment et pourquoi.
Le syndrome de l’imposteur bloque votre progression salariale
Assumer pleinement ses réussites au travail ? Les exposer fièrement à son boss pour demander une augmentation de salaire, voire une promotion ? Pour les victimes du syndrome de l’imposteur, tout ceci est extrêmement difficile. Elles peuvent avoir l’impression qu’elles ne doivent leur poste qu’au hasard ou à la chance, et même craindre d’être démasquées par leurs collègues ou leur manager. Cela les incite à se faire discrètes et à ne pas réclamer leur dû, même lorsqu’elles obtiennent d’excellentes performances. De même, lorsqu’elles commencent un nouveau travail, elles risquent de minimiser leurs compétences et de demander un salaire trop bas. Or, il est difficile de rattraper un salaire trop faible sur le long terme.
Le coach professionnel américain Lewis Lin explique ainsi que “la différence entre un salaire de 40 000 et 45 000 dollars peut sembler insignifiante, mais elle peut avoir un impact considérable sur ce que vous gagnerez au cours de votre carrière”. L’exemple donné n’est pas propre aux Etats-Unis : il s’applique aussi en France.
Même si c’est difficile, il est donc important de garder une liste de tous ses succès au travail et de se rappeler qu’un sentiment d’inadéquation n’est pas un fait, mais un simple ressenti.
Le syndrome de l’imposteur vous fait dépenser de l’argent inutilement
Eh oui : les personnes qui souffrent du syndrome de l’imposteur ont plus de chances de vouloir compenser (leur sentiment de ne pas être légitimes) en dépensant de l’argent. Par exemple, elles peuvent utiliser l’argent comme un levier affectif (faire plaisir à autrui, maintenir ses amitiés…), un moyen de se remonter le moral (s’acheter un vêtement ou une babiole dont on n’a pas besoin) ou encore un outil pour s’intégrer à un groupe (participer à une soirée à laquelle on n’a pas vraiment envie d’aller). Elles sont aussi plus susceptibles de ressentir du FOMO (Fear of Missing Out, soit “la peur de rater quelque chose”), et cette pression peut les pousser à multiplier les sorties… et donc les dépenses.
Selon une étude britannique, plus d’un tiers des sondés se disent jaloux lorsque leurs amis sortent sans eux, et avouent dépenser en moyenne 420 euros par an pour participer à des événements qui ne leur font pas spécialement envie. Une somme qui aurait pu aller… dans leur livret d’épargne !
Le syndrome de l’imposteur vous incite à la surenchère
Lorsque nous n’arrivons pas à prendre en compte nos succès, ou doutons de nous en permanence, nous avons tendance à nous focaliser sur les apparences. Nous bâtissons ainsi une façade extérieure qui nous aide à avoir plus confiance en nous… mais résulte aussi dans le sentiment de ne pas être à sa place. Pour compenser leur mal-être, les victimes du syndrome de l’imposteur peuvent avoir tendance à dépenser de l’argent dans des vêtements ou des objets comme le dernier téléphone à la mode. Mais ces dépenses ne sont pas dictées par un réel besoin et ne visent qu’à maquiller (temporairement) un manque de confiance en soi.
Sur une année, ce sont ainsi des centaines voire des milliers d’euros qui sont inutilement dépensés.
Le syndrome de l’imposteur vous empêche de prendre des risques
Manque de confiance en soi, peur de prendre des risques, peur de la nouveauté… Le syndrome de l’imposteur n’agit pas seulement sur votre vie professionnelle : il a également une influence directe sur vos finances. Par exemple, il peut vous empêcher de quitter votre emploi pour créer votre entreprise (ou de vous lancer dans tout autre projet), parce que vous avez peur de ne pas y arriver. Il peut également vous inciter à minimiser vos capacités et à refuser d’écouter vos besoins.
Même chose en matière d’investissement : le syndrome de l’imposteur peut vous faire croire que vous ne savez pas vous y prendre et vous contraindre à vous éloigner de tout risque. Or, les investissements les plus risqués sont aussi les plus rémunérateurs en théorie : c’est ce qu’on appelle le couple rendement-risque.
Alors, que faire si l’on éprouve des difficultés ? Surmonter un syndrome de l’imposteur exige un travail sur le long terme, en étant de préférence accompagné.e par un.e psychologue. En attendant, si vous pensez en être victime, sachez qu’il ne s’agit en aucun cas d’une fatalité. En prendre conscience est déjà une première étape, qui vous permettra d’éviter certains pièges et de dépasser les plus gros blocages. Nous vous conseillons de relire notre article sur la finance comportementale, pour mieux comprendre comment la psychologie humaine exerce une influence directe sur nos finances.
L’argent n’est jamais neutre, et avoir conscience de certains mécanismes à l’œuvre peut nous aider à prendre de meilleures décisions.