En France, on est particulièrement créatifs en matière d’expressions sur l’argent : avoir des thunes, blanchir de l’argent, toucher le pactole. On les utilise très souvent, mais connaît-on vraiment leur origine ? 💸
C’est parti pour un retour dans le temps !
Avoir des thunes
Cette célèbre expression n’est pas récente ! En fait, elle date du XVIIe siècle. A l’origine, elle servait à désigner l’aumône en argot. Puis au XIXe siècle, elle représente une pièce de 5 francs.
Mais saviez-vous que le mot “thunes” viendrait de l’ancienne forme de la ville de Tunis qui était “Tunes” ? On appelait “Roi des Thunes” celui qui était le chef des mendiants dans la cour des Miracles. La thune était ce qu’on donnait aux mendiants.
Graisser la patte
D’abord connue sous la forme “oindre la patte”, cette expression, apparue au Moyen-Âge dans le commerce, signifie donner de l’argent à quelqu’un pour le corrompre et obtenir des faveurs.
Elle ferait référence à une pratique de l’époque pendant la grande foire au jambon qui avait lieu sur le parvis de Notre-Dame de Paris. Un édit royal avait autorisé le clergé à prélever une redevance sur la vente de viande de porc.
Les contrôleurs étaient censés surveiller attentivement chaque transaction conclue sur le marché. Mais certains acceptaient de fermer les yeux en échange d’un morceau de lard. Et de fait, ils se faisaient littéralement graisser la main. Par la suite, le terme est devenu “patte” avec un sens péjoratif.
Mais de tout temps le terme “graisser” évoque l’idée de faire du profit en utilisant des moyens malhonnêtes.
Toucher le pactole
Vous avez forcément déjà entendu le nom de Crésus, notamment dans l’expression “être riche comme Crésus”. Ce dernier roi de Lydie régnant au Ve siècle avant J-C. fut connu pour sa fortune car il avait un très bon sens du commerce, ce qui a fait de lui un des premiers milliardaires. Sa richesse, il la devait en partie à la rivière le Pactole qui se trouve en Turquie (et qui existe toujours) dont les sables contenaient des pépites d’or.
Il n’y a sûrement plus d’or aujourd’hui, mais qui sait ? Un petit tour en Turquie ça vous dit ? 🤑
Blanchir de l’argent
Dissimuler la provenance de l’argent, lui donner une existence légale alors qu’il a été acquis illégalement.
L’argent illégal est souvent appelé “finance noire”. Le blanchiment permet donc à cet argent de prendre une apparence honnête et de paraître “propre”.
Mais des personnes avancent une autre explication, peu vraisemblable, qui serait une allusion au fameux gangster Al Capone qui avait racheté une chaîne de blanchisserie. Cette façade légale lui permettait ainsi de recycler les ressources tirées de ses nombreuses activités illicites.
Jeter l’argent par les fenêtres
Dépenser son argent sans compter. Cette expression viendrait de l’habitude du Moyen-Âge de jeter tout et n’importe quoi par les fenêtres. En l’absence de système de canalisation et d’évacuation des eaux domestiques, on jetait ses ordures par la fenêtre. Mais il arrivait aussi qu’on y jette des pièces de monnaie, pour récompenser un troubadour de passage, ou s’en débarrasser s’il chantait comme Assurancetourix ! 🎶
Mettre du beurre dans les épinards
Améliorer sa vie en gagnant plus d’argent.
Autrefois, le beurre était le symbole de l’aisance financière (“faire son beurre”). La raison ? Sa masse calorique et lipidique importante. Mais il y a aussi qu’à certaines périodes de crise, seules les personnes aisées pouvaient s’offrir du beurre pour en mettre avec leurs épinards et ainsi profiter de tous les plaisirs associés à ce repas de privilégiés.
Et vous, plutôt épinards avec ou sans beurre ? 🥬
Des comptes d’apothicaire
Cette expression désigne des comptes compliqués, mesquins et excessifs.
Pour comprendre son origine, il faut revenir au XIVe siècle. C’est à ce moment qu’apparaît un nouveau type de commerçant, proposant des produits rares, des épices, et surtout des mélanges médicamenteux. L’apothicaire concevait et vendait des préparations pour soigner tous types de maux.
Son savoir faisait de lui une personne très respectée. Malheureusement certains apothicaires auraient profité de leur statut pour vendre des petites quantités à des prix très élevés, arnaquant les clients et gonflant leurs factures sous prétexte de rareté.
Il serait ainsi devenu habituel de vérifier et négocier la note de l’apothicaire.
Payer en espèces
Autrefois, les épices, notamment le poivre, étaient rares et précieuses. Si bien qu’elles étaient considérées comme des monnaies d’échange. En fait, on payait en épices !
Épices vient du latin “species”, qui a aussi donné le mot “espèces”. Puis l’expression s’est déformée avec le temps pour devenir celle que l’on utilise aujourd’hui.
Des espèces sonnantes et trébuchantes
Lorsqu’une personne paye avec de l’argent liquide, on peut dire qu’elle paye en espèces sonnantes et trébuchantes.
Au XVIe siècle, on n’avait que deux moyens pour vérifier qu’une pièce était vraie. La première était de la faire tinter : si elle sonnait juste, elle était “sonnante”. Ensuite, il fallait la peser sur une petite balance à plateaux appelée “trébuchet” : si elle était conforme, elle était donc “trébuchante”. Ayant passé les deux épreuves de vérification, la pièce était alors sonnante et trébuchante.
Nous voilà bien plus riches maintenant que nous avons appris tout ça, non ? 💰